Le dispositif d’art-thérapie tel qu’il s’oriente de la psychanalyse, propose au patient qui vient en séance, que ce soit un enfant ou un adulte, de réaliser un dessin, ou tout autre support d’expression, soit en tant que préliminaire à une parole associative, soit en tant que moment de pure expression non verbale.
 

Autrement dit c’est d’abord une invitation à jouer avec sa créativité du moment, avec ce qui nous « passe par la tête » comme on dit. 

 

On peut préciser, surtout concernant les adultes, qu’il s’agit de « s’autoriser » à jouer, l’enfant et l’adolescent se prêtant généralement à l’exercice presque spontanément .

 

Par habitude, je cite souvent à ce propos une phrase qu’on doit à Jean Cocteau (dans Journal d’un inconnu), parce qu’elle fournit une boussole précieuse pour se repérer dans cette invitation : « Trouver d’abord, chercher après. »

 

Dans un premier temps il faut essayer de se débrancher d’avec deux pensées aliénantes: « est-ce que ça veut dire quelque chose ? », et « est-ce que le résultat sera beau ? »

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Notre empressement à « trouver du sens » , comme notre souci de plaire ou de « bien faire », constituent de véritables empêcheurs professionnels à notre élan créatif.

 

Ici, la sollicitation n’est pas du côté de la signification, mais de l’éprouvé.

C’est d’abord et avant tout une expérience sensible, qui passe par le corps. 

 

C’est seulement dans un second temps, que les "traits" particuliers de l’objet réalisé - sa forme, ce qu’on y reconnaît, ce qui nous intrigue, nous questionne, parfois nous dérange - peuvent être proposés par le jeu des associations de pensées, à l’interprétation dans le langage verbal:

C’est à partir de ce moment-là qu’un travail dit psychothérapeutique peut débuter, et parfois nous amener au seuil d’une demande d’analyse. 

 

Cependant l’acte créatif peut à lui seul constituer pour certains un espace et un temps d’évasion, et parfois même une irremplaçable source de plaisir et de respiration qui nous éloigne de nos ruminations psychiques, de la lourdeur d’un quotidien, voire d’une douleur d’exister. 

Sans pour autant devoir l’interpréter. Ce choix est libre pour le patient.

 

Il dépend aussi du tact avec lequel l’art-thérapeute repère chez son patient son rapport particulier à la parole, prêtant ainsi l’oreille - si je puis dire ainsi - à “ce qui ne se dit pas” . 

 

La dimension de créativité qui est au cœur du processus d’art thérapie, est très proche de la curiosité du sujet, c’est à dire du désir de savoir, d’aller déranger un peu sa « zone de confort » pour tenter de faire connaissance avec sa propre énigme, voire d’en découdre avec sa problématique.

 

Le soi-disant « résultat » importe peu. C’est ce que ça raconte qui compte.

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Cette petite trouvaille improbable, qu’est le dessin ou la chose modelée en argile, peut tout à fait « ne ressembler à rien » et dans le même temps produire une satisfaction, proche de la joie. 

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Souvent, elle prendra toute son importance au moment où elle sera parlée par son auteur, un peu comme lorsqu’on raconte un rêve, ou un souvenir.

 

C’est une découverte. Dont l’art thérapeute soutient le processus.